Connaissez vous le coenzyme Q10 ?
2 octobre 2018
- En 1955-1957, deux groupes de scientifiques ont identifié une nouvelle molécule jouant un rôle de transporteur d’électrons et de protons au sein de la cellule.
- Festenstein (1955) lui donne le nom d’ubiquinone tandis que Crane (1957) choisit celui de coenzyme Q. Le nom d’ubiquinone vient de «ubiquitous quinone», cette substance étant présente dans toutes les cellules.
- Le nom Coenzyme Q10 (CoQ10) est lié à son activité coenzymatique dans la mitochondrie, un organite faisant office de réacteur producteur d’énergie à l’intérieur de toutes nos cellules. Du point de vue chimique, ce composé est un lipide. Le coenzyme Q10 est le seul coenzyme Q pour l’homme et l’ensemble des vertébrés (excepté rat et souris). Les termes ubiquinone ou coenzyme Q se réfèrent à la forme chimique oxydée, tandis que les termes ubiquinol ou coenzyme QH2 se réfèrent à la forme réduite.
C’est une substance antioxydante naturellement produite par l’organisme et qui contribue à la production d’énergie.
Diverses études ont pu mettre en évidence un lien entre certaines maladies et un déficit en coenzyme. En particulier dans les maladies cardiovasculaires la coenzyme Q10 pourrait jouer un rôle important dans l’insuffisance cardiaque (incapacité du muscle cardiaque à fournir l’effort nécessaire au fonctionnement normal de l’organisme) qui survient fréquemment après un infarctus.
- Le coenzyme Q10 est aussi le partenaire de tous les traitements anti cholestérol appelé STATINE. En effet couper la fabrication de l’enzyme HMG co-réductase pour éviter la fabrication du cholestérol c’est aussi empêcher la fabrication du co -enzyme Q10. Toutes les personnes sous statine devraient obligatoirement prendre du coenzyme. Pour supplémenter la perte.
- Une supplémentation minimum de 100 à 200 mg de CoQ10 est nécessaire pour retrouver une concentration normale de CoQ10. En cas de cholestérol élevé, toute prescription de statine, lorsqu’elle est vraiment nécessaire, devrait s’accompagner d’une prescription concomitante de CoQ10 à la dose minimale de 90 mg par jour.
- Le CoQ10 dans l’alimentation: il est présent dans les noix, les amandes, dans les huiles et fruits riches en huile et dans les légumes verts. Les épinards sont particulièrement riches en CoQ10. Il en est de même pour certains poissons comme les sardines qui contiennent deux fois plus de CoQ10 que la viande de bœuf. Il faudrait manger 1,6 kg de sardines pour consommer 100mg de CoQ10. Le lait et le fromage possèdent un plus faible taux de CoQ10. Chez les Suédois, l’alimentation apporterait 3 à 5 mg de CoQ10 et 65% de cet apport provient de la consommation de volaille et de viande rouge.
- Recherche sur la maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson est une pathologie neurologique dégénérative dont aucun traitement n’a montré de capacité à ralentir la progression. La coenzyme Q10 est une substance que l’on retrouve dans les mitochondries, des centrales d’énergie présentes dans chaque cellule. De précédentes recherches ont montré que, dans la maladie de Parkinson, le fonctionnement des mitochondries est perturbé.
Des chercheurs ont administré de la vitamine E ou une dose quotidienne de 300, 600 ou 1200 milligrammes de CoQ10 associée à de la vitamine E à un groupe de 80 patients ayant une maladie de Parkinson débutante et n’ayant pas encore commencé le traitement classique avec la Levodopa. Si la Levodopa peut aider à soulager les symptômes de la maladie, elle ne ralentit pas sa progression. Avant et pendant l’étude, la dextérité motrice, le fonctionnement mental, le moral et la capacité à réaliser les activités de la vie quotidienne ont été évalués et classés selon des scores de test. Les sujets sont restés dans l’étude plus de 16 mois, jusqu’à ce qu’ils aient besoin de médicaments et furent réévalués au bout de cette période.
A mi-chemin de l’étude, les patients recevant 300 ou 600 milligrammes de Coenzyme Q10 avaient de meilleurs scores de tests que le groupe placebo tandis que le groupe recevant 1200 mg avait des scores nettement meilleurs et la détérioration des mouvements, caractéristique de la maladie était ralentie de 44%. Cette tendance s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’étude.
Les chercheurs ont ainsi commenté leurs résultats : «Récemment, quelques rares maladies mitochondriales affectant des personnes jeunes et résultant d’une déficience en coenzyme Q10 ont été décrites. Ces patients peuvent répondre de façon spectaculaire à un traitement avec de la coenzyme Q10. Les niveaux de coenzyme Q10 dans les tissus chutent avec l’âge et nous ne savons pas pourquoi. Chez les personnes âgées, les niveaux normalement plus faibles de coenzyme Q10 peuvent être un facteur contribuant à la progression de certaines maladies du vieillissement.»
(Shults CW et al. Arch Neurol. 2002 Oct ;59 (10) :1541-50)
Qu’elle forme de Q10 ubinquinone ou ubinquinol ?
Depuis sa découverte en 1957, la CoQ10 a été largement étudiée en raison du rôle clé qu’elle joue dans la production d’énergie dans les mitochondries. Sous le terme CoQ10 sont regroupés trois états d’oxydation de la molécule : une forme réduite CoQ10H2 appelée ubiquinol-10, une forme oxydée CoQ10 appelée ubiquinone-10 et une forme intermédiaire, le radical ubisemiquinone (Q°). Parmi ces trois formes, seule la forme réduite CoQ10H2 est dotée de propriétés antioxydantes.C’est en fait sous cette forme réduite que l’organisme l’utilise pour catalyser la synthèse de l’ATP dans les mitochondries. De plus, pour que la coenzyme Q10 piège et neutralise les radicaux libres et, en particulier, le radical hydroxyle hautement réactif et le radical superoxyde – pour protéger l’intégrité des lipides des membranes cellulaires et leurs mitochondries -, elle doit d’abord être transformée en sa forme réduite.Les études animales et sur l’homme indiquent donc clairement que l’ubiquinol est beaucoup mieux absorbée que l’ubiquinone. Elles montrent également qu’elle reste aussi beaucoup plus longtemps dans le corps. La différence chimique entre l’ubiquinone et l’ubiquinol réside en la présence de deux groupes hydroxyles dans cette dernière. Ces deux groupes hydroxyles rendent l’ubiquinol plus hydrophile que l’ubiquinone et donc plus facilement assimilable. La présence de ces deux groupes hydroxyles sur l’ubiquinol permet des liaisons plus solides avec l’eau et aide à expliquer sa biodisponibilité beaucoup plus importante que celle de l’ubiquinone. Une fois ingérée, elle est également absorbée beaucoup plus facilement par la circulation sanguine.
Cette forme plus hydrophile de CoQ10 se montre également plus stable dans les doubles couches lipidiques des cellules et pourrait être très bien dispersée dans les mitochondries.
Les plus grandes propriétés hydrophiles de l’ubiquinol lui permettent probablement d’être mieux absorbée par les cellules, avec pour résultat de cibler à l’intérieur plus spécifiquement les mitochondries. En d’autres termes, l’ubiquinol étant plus hydrophile (c’est-à-dire moins capable de se dissoudre dans les graisses), elle devrait théoriquement avoir tendance à être moins retenue dans les membranes cellulaires et atteindre dans les cellules des concentrations plus significatives. C’est un mécanisme possible par lequel l’ubiquinol pourrait s’accumuler plus efficacement que l’ubiquinone dans les mitochondries.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Brigitte Karleskind est journaliste scientifique. Elle a été rédactrice en chef du magazine Giropharm et rédactrice de la lettre Nutranews (lettre d’information centrée sur la recherche dans le domaine des compléments alimentaires). Elle est directrice de la collection Nature & Vitamines aux éditions Thierry Souccar.